Qu’est-ce que le Karaté ?
Le Karaté est un art martial à main nue originaire de l’île d’Okinawa au Japon. Art de combat mais surtout art d’autodéfense qui permet de vaincre son adversaire principalement au moyen de techniques de poing et de pied. Toutes les parties du corps sont toutefois utilisées, en recherchant toujours la plus grande efficacité. Traditionnellement ces techniques sont complétées par l’utilisation d’outils agricoles ou liés à la pêche comme le bâton, c’est la voie du Kobu-Do.
Mais le véritable Karaté-Dô n’est pas un simple art du combat. Son premier objectif est de forger le corps et l’esprit du pratiquant, afin de parvenir au Kunshi-no-ken, l’art du poing des sages. L’enseignement philosophique accompagne ainsi la progression technique du karatéka tout au long de la vie.
Aujourd’hui le Karaté est surtout connu pour sa pratique sportive et s’est largement diffusé à travers le monde au sein de fédérations reconnues. Les compétiteurs utilisent les techniques de leur choix sans jamais porter véritablement les coups, dans le respect de l’adversaire.
La pratique du Karaté
Une des particularités du Karaté est l’importance qu’y tiennent, parallèlement aux combats, les exercices effectués seul. Une bonne partie de l’entraînement en Karaté s’effectue sans partenaire. Il s’agit de la répétition des gestes techniques de base, les Kihon, et de l’apprentissage de combats codifiés, les Kata.
Les Kata
Souvent décrit comme un combat imaginaire contre plusieurs adversaires, le Kata est un enchaînement plus ou moins complexe de techniques d’attaques et de défense formant un tout cohérent. En japonais Kata signifie forme ou moule, on le traduit par « forme fondamentale » ou conventionnelle. A Okinawa, les Kata et les Bunkaï (leurs applications) sont considérés comme la seule véritable école du combat, transmis de Maître (Senseï) à élèves durant des siècles formant une véritable encyclopédie vivante des techniques du Karaté. Il existe une grande variété de Kata, selon le style ou l’école qui les a perpétués, mais tous visent à atteindre une certaine perfection ou aboutissement à travers la conjonction de techniques gestuelles et d’une attitude mentale recherchant l’unité du corps et de l’esprit.
Le Dô*
Pour bien comprendre le Karaté il convient de préciser le sens de ce terme. Le mot Dô est habituellement traduit en français par des termes tels que voie, chemin, discipline…, mais aucun de ces mots ne recouvre entièrement la signification culturelle du Dô. La notion de Dô est en effet conçue dans la culture japonaise comme la voie qui mène vers un état d’esprit libérant les facultés humaines dans les divers domaines des arts. Le processus de perfectionnement dans n’importe quelle discipline est celui de l’accomplissement de la personnalité toute entière, en harmonie avec les principes de la nature.
*(Kenji Tokitsu ; La voie du karaté)
L’école Shôtôkan
Une photographie de Guichin Funakoshi est accrochée au mur principal de beaucoup de dojos européens du karaté. Son image est souvent associée à celle du karaté moderne, il a en effet été le premier à diffuser le karaté au centre du Japon au début du XX° siècle, son école s’est ensuite largement diffusée travers le monde entier.
Guichin Funakoshi est né le 10 novembre 1868 à Yamakawa, Shuri, préfecture d’Okinawa. Issu d’une famille Samouraï il commença très tôt sa formation de karatéka avec la Maître Azato Anko puis avec Maître Anko Itosu.
En 1922, à l’âge de 54 ans, il quitta l’île d’Okinawa pour présenter le karaté-jutsu au ministre de l’éducation du Japon. Immédiatement le fondateur du judo moderne, Maître Kano Jigoro invita maître Funakoshi à rester à Tokyo. Il publia la même année un livre intitulé « karaté de Ryûkyû Kempo ». Cette date marqua l’entrée au grand jour du karaté-dô.
En 1924, avec l’extension du karaté, Maître Funakoshi créa la première « certification du rang de Dan ».
A cette époque, sous l’influence du bouddhisme zen, il changea les caractères de karaté pour kara+té (main de chine) en kara+té (main vide). Il changea également les noms chinois des kata en noms japonais. En 1929, enfin, après mûre réflexion, il fixe définitivement le nom de son art martial en changeant le nom du karaté-jutsu (l’art martial de la main de chine) en karaté-do (la voie de la main vide). Il définira ensuite les vingt préceptes du karaté.
En 1939, devant l’afflue des pratiquants, Maître Funakoshi établit le dojo du Shotokan qu’il fit construire à ses propres frais. Shoto était son nom de plume lorsqu’il écrivait des poésies et signifie « vague de Pins » d’après l’effet que le vent produit sur les branches des grands pins sur l’île d’Okinawa.
Le dojo Shotokan fut détruit pendant la deuxième guerre mondiale, mais après la guerre, les élèves de Maître Funakoshi formèrent la JKA (Japan Karaté Association) avec le but d’établir le karaté comme sport de compétition. Pourtant, Maître Funakoshi refusa toujours d’associer le karaté-do et la compétition qui n’étaient absolument pas compatibles à ses yeux. Il nomma alors un Uchi Deshi (élève proche), Shigeru Egami, comme successeur pour suivre les valeurs éthiques de l’art martial.
Maître Funakoshi décéda le 26 avril 1957 à l’âge de 89 ans.
Les vingt préceptes du karaté-dô
– N’oubliez pas que le karaté commence et s’achève par le rei
– Il n’y a pas d’attaque dans le karaté
– Le karaté est au service de l’équité
– Apprends déjà à te connaître, puis connais les autres
– Le mental prime sur la technique
– L’esprit doit être libre
– Calamité est fille de non-vigilance
– La pratique du karaté ne saurait se limiter au seul dojo
– Le karaté est la quête d’une vie entière
– La Voie du karaté se retrouve en toute chose, et c’est là le secret de sa beauté intrinsèque
– Pareil à l’eau en ébullition, le karaté perd son ardeur s’il n’est pas entretenu par une flamme
– Ne soyez pas obsédé par la victoire ; songez plutôt à ne pas perdre
– Ajustez votre position en fonction de l’adversaire
– L’issue d’un affrontement dépend de votre manière de gérer les pleins et les vides
– Considérez les mains et les pieds de l’adversaire comme des lames tranchantes
– Faites un pas hors de chez vous et ce sont un million d’ennemis qui vous guettent
– Le kamae, ou posture d’attente, est destiné aux débutants ; avec l’expérience, on adopte le shizentai, la posture naturelle
– Recherchez la perfection en kata, le combat réel est une autre affaire
– Sachez distinguer le dur du mou, la contraction de l’extension du corps et sachez moduler la rapidité d’exécution de vos techniques
– Vous qui arpentez la Voie, ne laissez jamais votre esprit s’égarer, soyez assidu et habile
Les 26 Kata du Shôtôkan
– Heian Shodan Bassaï Daï Gankaku Nijushi Ho Gojushi Ho Sho
– Heian Nidan En-Pi Jitte Sochin Chinté
– Heian Sandan Jion Kanku Sho Jiin Gojushi Ho Daï
– Heian Yodan Hangetsu Bassaï Sho Unsu Wankan
– Heian Godan Kanku Daï Tekki Sandan Tekki Sandan Meikyo
– Tekki Shodan
Dôjô et étiquette
Le dôjô
« Lieu où l’on s’éveille progressivement par l’étude et l’enseignement »
On l’écrit à l’aide des deux caractères Dô la voie, le chemin, le mouvement vers un but ultime. Et Jô, le lieu, l’endroit, construire, élever, édifier. En effet, d’après le livre des rites de Confucius : « on réalise la Voie moitié par l’étude, moitié par l’enseignement ».
Les règles du Dôjô furent fixées au Japon par l’Empereur Kammu (736-805), pendant l’ère Heïan, lors de l’édification du Butokuden ou « Salle de la Vertu chevaleresque » à Kyoto.
Transmises sans pratiquement aucune altération, ces règles sont toujours respectées et régissent encore la disposition du Dôjô traditionnel (Kamiza) ainsi que les rituels qui lui sont attachés (Zareï).
Le Dôjô constitue ainsi un lieu unique et préservé, hors du temps et de l’espace.
Toutefois Maître Funakoshi nous met en garde dans son huitième précepte du Karaté-Dô : « la pratique du karaté ne saurait se cantonner au seul dojo », nous invitant à pratiquer continuellement dans tous les actes de la vie quotidienne.
Le salut Zarei
Ce salut s’effectue au début et à la fin de chaque cours. Les karatékas s’alignent debout en position Musubi Dachi sur plusieurs rangs parallèles, face au professeur et au portrait du Maître. Le plus ancien dans le grade le plus élevé est à droite et c’est lui qui commande le salut.
Au commandement Seiza, les karatékas s’agenouillent assis sur les talons, genoux légèrement écartés, mains posées sur les cuisses.
Au commandement Mokuso, les karatékas ferment les yeux et se concentrent sur leur respiration au niveau du Hara, jusqu’à ce que le gradé annonce Mokuso Yamé.
Le professeur se tourne alors vers le portrait du Maître et le gradé annonce Shomen ni Rei, c’est le salut aux anciens. Tout le monde salue en posant les deux mains au sol et s’inclinent vers l’avant sans décoller les fesses des talons. Puis les karatékas se redressent et le professeur se retourne alors pour faire face aux élèves.
Au commandement Senseini Rei, les karatékas s’inclinent à nouveau pour saluer le professeur.
Au commandement Otagai ni Rei, les karatékas s’inclinent à nouveau pour se saluer entre eux.
Au commandement Kiritsu, les karatékas se relèvent en position Musubi Dachi et saluent une dernière fois debout le professeur.
Dôjô kun
Terme des arts martiaux japonais signifiant littéralement « règle du dôjô ». Ces règles sont généralement affichées à l’entrée de la salle d’entraînement ou sur la façade du dojo (Shomen) et souligne les comportements à respecter ou à éviter. Dans certains styles d’art martial, ils sont récités au début ou à la fin de chaque cours.
– Sois humble et poli
– Entraînes toi en prenant en compte ta force physique
– Pratiques sincèrement avec créativité
– Sois calme et prompt
– Prends soin de ta santé
– Vis pleinement ta vie
– Ne sois pas trop fier ou trop modeste
– Continue ton entraînement avec patience